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NIÈVRE > GRAND NEVERS > NEVERS 15/09/15 - 17H23

Journées du 1% artistique : plusieurs collèges montrent leur oeuvre

1 % artistique dans les établissements scolaires : totem en bois d'Albert Vallet au collège Le Rimorin (Dornes) - D.R.

1 % artistique dans les établissements scolaires : totem en bois d'Albert Vallet au collège Le Rimorin (Dornes) - D.R.

Du 14 au 20 septembre, ont lieu dans toute la France les Journées du 1% artistique dans les établissements scolaires. L'occasion de voir les oeuvres réalisées dans les bâtiments publics dans le cadre du 1% artistique. Un dispositif de 1951 imposant que 1% des sommes consacrées par l’État à chaque construction d’établissement scolaire ou universitaire finance la réalisation d’une oeuvre d’art contemporaine dans le projet.

Dans la Nièvre, quatre projets participent à cette opération :
- le collège des Courlis (Nevers) : vendredi 18 septembre, de 14h à 17h, visite libre du hall pour voir l'oeuvre de P.F. Gorse, une peinture sur plafond à caisson
- le collège Adam Billaut (Nevers) : toute la semaine, accès libre de la cour aux parents, élèves et voisinage de 9h à 12h et de 14h à 16h30, pour voir la sculpture en acier de Gottfried Honegger
- le collège Jean Arnolet (Saint-Saulge) : vendredi 18 septembre, de 14h à 17h, découverte pour les élèves de la sculpture sur panneau de bois de F. Rouillot
- le collège Le Rimorin (Dornes) : jeudi 17 et vendredi 18 septembre, de 16h50 à 19h, accès libre à la cour pour voir la stèle totem d'Albert Vallet


Cette œuvre d’Albert Vallet a été baptisée depuis toujours le « totem » par les élèves du collège, un titre qui circule de bouches à oreilles le plus naturellement du monde depuis des cohortes : une transmission. Ce qui tombe plutôt bien, puisque l’établissement scolaire est un lieu de transmissibilité du savoir et de la culture, tout comme peut l'être une oeuvre d'art.

Ce titre n’est pas avéré historiquement, et difficile à trouver, sans doute perdu sous la mousse des années. Une enquête patrimoniale serait à effectuer pour gratter et révéler le nom exact de la sculpture.

Mais cette perception plutôt formelle et totémique, emblématique, en un petit mot exotique révèle spontanément une bonne partie du sens de la sculpture monumentale, en en voilant un autre, des autres. Une œuvre n’est-elle pas toujours polysémique (plusieurs sens, plusieurs interprétations)?

 

Un totem est avant tout un animal ou un végétal, changé et transformé en une sorte de super-héros protecteur d'un groupe, d'une collectivité, d'une tribu. Les amérindiens l'ont matérialisé sous la forme d'un tronc ou d'un mât emblématique, sculpté, à commencer par les Algonquins.

Le "totem" du collège pourrait remplir cette fonction symbolique et répondre ainsi d'une certaine manière à une période de son travail qu'Albert Vallet nomme sa phase "chamanique", d'inspiration surréaliste. Même si les formes et les représentations de celui-ci sont figuratives, elles ne sont ni végétales, ni animales, comme celles d'une autre oeuvre du sculpteur nommée "De la Girelle aux étoiles", au collège de Saint-Amand-en-Puisaye. Celles du Rimorin font surtout l'éloge de la géométrie, et d'Euclide en particulier: cercles, quadrilatères, triangles… Un écho de la première période cubiste d'Albert Vallet, qui rapproche son oeuvre de celle de son amie Sonia Delaunay.

L'oeuvre située dans la cour du collège de Dornes, placée sur une estrade herbeuse parallélépipédique et un socle cylindrique, entre plutôt dans la dernière période de l'artiste né à Londres en 1923 et d'origine bourbonnaise, une phase qu'il a qualifiée de "cosmique" comme synthèse de celle euclidienne puis chamanique. Ce terme de cosmos renvoie bien entendu à une réalité plus spatiale et céleste, faisant du tronc sculpté du collège une sorte de boussole ou de cadran solaire.

Divers blocs ou modules sont ainsi superposés les uns sur les autres dans un équilibre somme toute précaire selon le point d'observation, comme un jeu de cubes d'enfant titanesque. Ce déséquilibre n'est cependant qu'apparent car il repose sur un axe bien linéaire et perpendiculaire au sol, stable. Seule l'ombre paresseuse tourne lentement autour de ce pivot, inlassablement, témoin fugace de la rotation perpétuelle de la terre, jeu entre déséquilibre et équilibre, mouvement, dessinant une circularité gravée au sein même du "totem". 

 

Christophe Ravignot.

 

NB: deux autres oeuvres pérennes sont visibles au collège lors de la construction de la nouvelle cantine, dues à l'artiste céramiste Anne Suzuki.